Corps hybrides dans les espaces hybrides
«Where are we now?»
Stefan Prins
Temps troubles : les crises et les menaces rivalisent sur les écrans sans qu’aucune perspective vers un changement véritable ne s’ouvre. À Tel Aviv, Tzlil Meudcan ( « son actuel » en hébreu ), un festival international de musique contemporaine, s’est déroulé du 10 au 14 juillet 2017. Au centre de cet évènement, dirigé par le guitariste Yaron Deutsch, régnait la grande question : Où sommes-nous aujourd’hui? Nous, musiciennes, artistes et contemporains. Dans la musique d’art aussi, le désir de sortir de la catastrophe se manifeste – la catastrophe « que cela continue ainsi », comme disait Walter Benjamin –, le désir de s’affranchir du flux des données, rien qu’un instant seulement, de regarder autour de soi pour voir ce qui est derrière nous, et surtout, ce qui nous attend.
Les discussions enthousiastes, qui se sont développées à Tel Aviv autour de sujets comme « What can Music be about ? », « Political Correctness in Art », « Functional Music » ou encore « Fake News – not only in Politics », ont engendré six textes, écrits par des compositrices et des compositeurs : six prises de position sur la question du temps présent. Rien que la forme et le style de texte choisis par les compositrices et les compositeurs dévoilent déjà leur réponse à la question de base « Où somme-nous aujourd’hui » : un regard rétrospectif sur son propre travail, une cartographie des courants artistiques, une méditation philosophique sur le temps ou les souvenirs des doutes dans le processus de création. Ce qui lie ces contributions, c’est la recherche d’une musique qui permette de capturer le « maintenant » – avec toutes ses contradictions, ses peurs et ses promesses.
